Statement by M. Abdoulaye Mar DIEYE, United Nations Special Coordinator for the Sahel at the 36th High-Level Meeting of the Heads of UN Missions in West Africa

 

Chers collègues, 

  1. C’est avec désolation que nous avons appris  la perte de quatre soldats maliens , tués dimanche dans une attaque  à Guiré dans la région de Nara au nord–ouest du Mali. Nous exprimons toutes nos condoléances ; et avons une pensée  pieuse pour les pertes humaines dans cette tragédie qui se déroule dans notre région.
  2. Nous venons juste de conclure la douzième session du Comité de Pilotage de la Stratégie intégrée des Nations Unies au sahel – UNISS. Et nous avons réitéré   que l’  UNISS est le cadre fédérateur de nos actions dans le  Sahel, en Afrique de l’Ouest comme du Centre. Et en en  faisant notre «  Chapitre Commun » nous avons réaffirmé notre volonté  d’‘assurer la cohérence de nos activités tant sur le plan national, régional, et transfrontalier. Je crois que c’est un grand bond qualitatif en avant.
  3. Je me réjouis de la présence de SRSG Annadif  et de SRSG François, qui sont nos deux leaders politiques dans le Sahel. La résolution des crises sahéliennes est d’abord une question éminemment politique. Sans une volonté  politique collective  forte et effective nous ne viendrons pas à bout de la crise sahélienne. . Donc la primauté  politique devra être  le fer de lance de notre réponse commune.
  4. Et le Mali étant  le centre de gravité du Sahel. A la limite son lieu géométrique. Avoir SRSG Ghassim avec nous permettra sans nul doute de mieux mesurer  l’acuité et l’actualité des enjeux ; et de mieux déterminer le sens et la teneur de nos prochaines actions collectives. Ghassim a raison , le Mali n’est pas une exception. C’est peut-être là que se joue l’avenir du Sahel
  5. Le Sahel est toutefois pluriel et à géométrie variable. Il est la  colonne vertébrale horizontale de l’Afrique qui va de Dakar a Djibouti. Je suggérerais donc que nous incluions SRSG Parfait Onanga dans nos prochaines réunions relatives au Sahel.
  6. Je salue la présence parmi nous de nos Coordonnateurs Résidents ; j’ai l’habitude de dire qu’ils sont nos véritables « forces commandeurs  » parce qu’ étant quotidiennement au front.
  7. Chers collègues, Le constat est clair. La chappe d’insécurité qui pèse sur le Sahel s’alourdit de jour en jour, avec ses conséquences désastreuses sur les économies sahéliennes, sur la cohésion sociale ;  et exerce même une sérieuse  hypothèque sur le futur sahélien  . Nous l’avions évoqué lors de notre dernier Comité  de Pilotage  de l’UNISS, et le  Conseil de Sécurité  l’a réitéré Vendredi dernier.
  8. Nous sommes , et il faut le reconnaitre , enfermés dans un polygone  de crises , crises accentuées par la pandémie de la Covid 19. Crises humanitaires ; tensions budgétaires, atonie de la croissance économique. 43% de la population vit en dessous de la ligne de pauvreté de $ 1.90 par jour ; avec une économie informelle représentant 50% de la production nationale et 80% des emplois. Le faible accès aux vaccins covid demeure une inquiétante préoccupation. Aujourd’hui 29 million  de personnes dans le Sahel  ont besoin d’assistance humanitaire; soit 5 millions de plus que l’année dernière. Et les plans de réponse humanitaire ne sont en moyenne financés  qu’à hauteur de 20%.
  9. Je pense que je peux faire  l’économie des statistiques  sahéliennes ; nous les avons tous égrenées  de réunions à conférences, de  séminaires à symposiums.  A les reprendre, à chaque fois, et avec plus de dureté , même à notre corps défendant, nous versons , hélas, dans une liturgie tristement anesthésiante .
  10. La question est que faire ? que faire ,  nous Nations Unies , qui sommes sur le terrain , avec les gouvernements et divers acteurs nationaux et internationaux , et mandatés d’aider à trouver des solutions idoines .
  11. Je crois sincèrement que nous nous devons d’abord de dire un devoir de vérité ; nous nous devons d’avoir l’audace de dire au monde, aux gouvernements comme à leurs partenaires, que nos  logiciels collectifs de résolution la question  sahélienne , j’allais dire de l’équation sahélienne sont à bout de souffle . Et qu’il faudrait peut-être  essayer de les réajuster , ou même de les réinventer.
  12. Lors de la 12ieme  session de notre  Comité de Pilotage  de l’UNISS nous avons  esquissé des pistes de solutions  ; je suggérerais que notre réunion d’aujourd’hui  les approfondisse et que nous en faisions écho ,  au plus haut niveau, et dans divers forums. Nous pourrions alors :

             i. Demander  une Réunion du Comité Exécutif des Nations Unies et avoir une discussion  hautement stratégique  sur la question sahélienne ; sur la base de nos recommandations, nous représentants des Nations Unies au Sahel

             ii. Avoir une discussion  stratégique lors de notre rencontre des Envoyés Spéciaux sur le Sahel, a Las Palmas, les 3 et 4 Décembre prochains .

           iii. Et , comme USG Lacroix l’ a rappelé Vendredi, dernier  au Conseil de Sécurité, réitérant la suggestion du Secrétaire  Général des Nations Unies , organiser un Forum de haut niveau sur le Sahel ( moi je pense au-delà du G5 ) et mettre les vérités sur la table, quelle  que soit leur acuité.

 13. A mon avis , ces vérités peuvent s’articuler autour  de  7 questions :

          i. Quel rôle effectif pour la Jeunesse sahélienne, vue non pas seulement en tant que bénéficiaires  mais principalement  comme acteurs premiers  de développement et acteurs politique de sortes de crise. Tel est au demeurant  l‘esprit de l’ Initiative   Sahel Generation Unlimited  ( Génération sans Limites) que nous venons de lancer le 1er

         ii. Quel rôle pour la femme. Comment capitaliser sur la récente mise en place du Groupe des Nations Unies des Amis des Femmes du sahel.

        iii. Comment effectivement passer des réponses qui adressent   principalement les manifestations des  crises aux réponses qui s’emploient à attaquer les racines du problème y compris les questions relative à la gouvernance inclusive , à la transformation structurelle des économies sahéliennes,  et la lancinante question de la gestion adéquate des frontières et des  transfrontières. Nous organisons  en Janvier prochain à Nouakchott , sous l’égide du PNUD, et sous la présidence du Président  Mohamed Ould Ghazouanai , une réunion de l’UNISS sur la Gouvernance au sahel ; je suggéreras que nous y participions  tous.

        iv. Comment aller au-delà de l‘aide publique au développement  qui ne représente que 3% du PIB Sahélien ; et des budgets nationaux qui représentent en moyenne 14 % du PIB. ; et poser la question fondamentale du financement  structurel du  Sahel, y compris avec les ressources internes publiques et privées ; et optimiser le potentiel du Sahel ; car le Sahel est aussi une terre riche en opportunités.

        v. Comment mettre en place des forces de défense et de sécurité sahéliennes , cohésives et intégrées, avec un fort engagement des gouvernements  de la région et du continent ; et un appui conséquent de la communauté internationale .

        vi. Encourager, faciliter & soutenir la diplomatie humanitaire et la médiation communautaire, citoyenne, interculturelle et inter-religieuse; singulièrement dans les conflits et tensions intercommunautaires

        vii. Quel regard objectif jeter sur la géopolitique  sahélienne ; un Sahel qui risque d’être une terre d’enjeux incontrôlés d’acteurs internationaux.

14. Chers collègues, Représentants Spéciaux, je regrette de ne pas pouvoir être avec vous lorsque vous rencontrerez  le Président Sall cet après-midi  ;  car , en ma qualité de votre Ambassadeur du Sahel , je dois me rendre à Seoul, dans quelques heures, In Challah  pour participer  à la célébration du 10ieme anniversaire du Forum de Busan  sur le Partenariat  pour une Coopération Effective au service du Développement.

15. Mais je voudrais suggérer que nous lui demandions d’inclure le Sahel  parmi les dossiers hautement prioritaires de sa mandature prochaine à la tête d l’Union Africaine ; et que nous l’accompagnerons.

Je vous remercie.