Chers collègues,
- C’est avec désolation que nous avons appris la perte de quatre soldats maliens , tués dimanche dans une attaque à Guiré dans la région de Nara au nord–ouest du Mali. Nous exprimons toutes nos condoléances ; et avons une pensée pieuse pour les pertes humaines dans cette tragédie qui se déroule dans notre région.
- Nous venons juste de conclure la douzième session du Comité de Pilotage de la Stratégie intégrée des Nations Unies au sahel – UNISS. Et nous avons réitéré que l’ UNISS est le cadre fédérateur de nos actions dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest comme du Centre. Et en en faisant notre « Chapitre Commun » nous avons réaffirmé notre volonté d’‘assurer la cohérence de nos activités tant sur le plan national, régional, et transfrontalier. Je crois que c’est un grand bond qualitatif en avant.
- Je me réjouis de la présence de SRSG Annadif et de SRSG François, qui sont nos deux leaders politiques dans le Sahel. La résolution des crises sahéliennes est d’abord une question éminemment politique. Sans une volonté politique collective forte et effective nous ne viendrons pas à bout de la crise sahélienne. . Donc la primauté politique devra être le fer de lance de notre réponse commune.
- Et le Mali étant le centre de gravité du Sahel. A la limite son lieu géométrique. Avoir SRSG Ghassim avec nous permettra sans nul doute de mieux mesurer l’acuité et l’actualité des enjeux ; et de mieux déterminer le sens et la teneur de nos prochaines actions collectives. Ghassim a raison , le Mali n’est pas une exception. C’est peut-être là que se joue l’avenir du Sahel
- Le Sahel est toutefois pluriel et à géométrie variable. Il est la colonne vertébrale horizontale de l’Afrique qui va de Dakar a Djibouti. Je suggérerais donc que nous incluions SRSG Parfait Onanga dans nos prochaines réunions relatives au Sahel.
- Je salue la présence parmi nous de nos Coordonnateurs Résidents ; j’ai l’habitude de dire qu’ils sont nos véritables « forces commandeurs » parce qu’ étant quotidiennement au front.
- Chers collègues, Le constat est clair. La chappe d’insécurité qui pèse sur le Sahel s’alourdit de jour en jour, avec ses conséquences désastreuses sur les économies sahéliennes, sur la cohésion sociale ; et exerce même une sérieuse hypothèque sur le futur sahélien . Nous l’avions évoqué lors de notre dernier Comité de Pilotage de l’UNISS, et le Conseil de Sécurité l’a réitéré Vendredi dernier.
- Nous sommes , et il faut le reconnaitre , enfermés dans un polygone de crises , crises accentuées par la pandémie de la Covid 19. Crises humanitaires ; tensions budgétaires, atonie de la croissance économique. 43% de la population vit en dessous de la ligne de pauvreté de $ 1.90 par jour ; avec une économie informelle représentant 50% de la production nationale et 80% des emplois. Le faible accès aux vaccins covid demeure une inquiétante préoccupation. Aujourd’hui 29 million de personnes dans le Sahel ont besoin d’assistance humanitaire; soit 5 millions de plus que l’année dernière. Et les plans de réponse humanitaire ne sont en moyenne financés qu’à hauteur de 20%.
- Je pense que je peux faire l’économie des statistiques sahéliennes ; nous les avons tous égrenées de réunions à conférences, de séminaires à symposiums. A les reprendre, à chaque fois, et avec plus de dureté , même à notre corps défendant, nous versons , hélas, dans une liturgie tristement anesthésiante .
- La question est que faire ? que faire , nous Nations Unies , qui sommes sur le terrain , avec les gouvernements et divers acteurs nationaux et internationaux , et mandatés d’aider à trouver des solutions idoines .
- Je crois sincèrement que nous nous devons d’abord de dire un devoir de vérité ; nous nous devons d’avoir l’audace de dire au monde, aux gouvernements comme à leurs partenaires, que nos logiciels collectifs de résolution la question sahélienne , j’allais dire de l’équation sahélienne sont à bout de souffle . Et qu’il faudrait peut-être essayer de les réajuster , ou même de les réinventer.
- Lors de la 12ieme session de notre Comité de Pilotage de l’UNISS nous avons esquissé des pistes de solutions ; je suggérerais que notre réunion d’aujourd’hui les approfondisse et que nous en faisions écho , au plus haut niveau, et dans divers forums. Nous pourrions alors :
i. Demander une Réunion du Comité Exécutif des Nations Unies et avoir une discussion hautement stratégique sur la question sahélienne ; sur la base de nos recommandations, nous représentants des Nations Unies au Sahel
ii. Avoir une discussion stratégique lors de notre rencontre des Envoyés Spéciaux sur le Sahel, a Las Palmas, les 3 et 4 Décembre prochains .
iii. Et , comme USG Lacroix l’ a rappelé Vendredi, dernier au Conseil de Sécurité, réitérant la suggestion du Secrétaire Général des Nations Unies , organiser un Forum de haut niveau sur le Sahel ( moi je pense au-delà du G5 ) et mettre les vérités sur la table, quelle que soit leur acuité.
13. A mon avis , ces vérités peuvent s’articuler autour de 7 questions :
i. Quel rôle effectif pour la Jeunesse sahélienne, vue non pas seulement en tant que bénéficiaires mais principalement comme acteurs premiers de développement et acteurs politique de sortes de crise. Tel est au demeurant l‘esprit de l’ Initiative Sahel Generation Unlimited ( Génération sans Limites) que nous venons de lancer le 1er
ii. Quel rôle pour la femme. Comment capitaliser sur la récente mise en place du Groupe des Nations Unies des Amis des Femmes du sahel.
iii. Comment effectivement passer des réponses qui adressent principalement les manifestations des crises aux réponses qui s’emploient à attaquer les racines du problème y compris les questions relative à la gouvernance inclusive , à la transformation structurelle des économies sahéliennes, et la lancinante question de la gestion adéquate des frontières et des transfrontières. Nous organisons en Janvier prochain à Nouakchott , sous l’égide du PNUD, et sous la présidence du Président Mohamed Ould Ghazouanai , une réunion de l’UNISS sur la Gouvernance au sahel ; je suggéreras que nous y participions tous.
iv. Comment aller au-delà de l‘aide publique au développement qui ne représente que 3% du PIB Sahélien ; et des budgets nationaux qui représentent en moyenne 14 % du PIB. ; et poser la question fondamentale du financement structurel du Sahel, y compris avec les ressources internes publiques et privées ; et optimiser le potentiel du Sahel ; car le Sahel est aussi une terre riche en opportunités.
v. Comment mettre en place des forces de défense et de sécurité sahéliennes , cohésives et intégrées, avec un fort engagement des gouvernements de la région et du continent ; et un appui conséquent de la communauté internationale .
vi. Encourager, faciliter & soutenir la diplomatie humanitaire et la médiation communautaire, citoyenne, interculturelle et inter-religieuse; singulièrement dans les conflits et tensions intercommunautaires
vii. Quel regard objectif jeter sur la géopolitique sahélienne ; un Sahel qui risque d’être une terre d’enjeux incontrôlés d’acteurs internationaux.
14. Chers collègues, Représentants Spéciaux, je regrette de ne pas pouvoir être avec vous lorsque vous rencontrerez le Président Sall cet après-midi ; car , en ma qualité de votre Ambassadeur du Sahel , je dois me rendre à Seoul, dans quelques heures, In Challah pour participer à la célébration du 10ieme anniversaire du Forum de Busan sur le Partenariat pour une Coopération Effective au service du Développement.
15. Mais je voudrais suggérer que nous lui demandions d’inclure le Sahel parmi les dossiers hautement prioritaires de sa mandature prochaine à la tête d l’Union Africaine ; et que nous l’accompagnerons.
Je vous remercie.